Philippe VEZIN

Qui êtes-vous ? Quels sont votre parcours et votre métier ?

Je suis chercheur en protection des usagers des transports au Laboratoire de Biomécanique et Mécanique des Chocs (LBMC). Je travaille sur ces questions depuis plus de 20 ans, tout d’abord sur la compréhension des mécanismes de blessures en cas d’accidents et les moyens d’en diminuer la gravité. Ces recherches sont très centrées sur le corps humain. Elles permettent de développer des outils (critères de prédictions des lésions, mannequins de crash tests, modèles numériques du corps humain) pour l’amélioration et l’évaluation de la protection des usagers.

Tout naturellement, la question de l’impact de l’autonomie des véhicules sur la sécurité routière et aussi sur les usages des transports est devenue mon centre d’intérêt afin d’accompagner et d’anticiper les changements de mobilité à venir.

Quel est votre rôle dans ENA ? Qu’attendez-vous d’ENA ?

Je coordonne le projet ENA, à la fois sur le volet scientifique, mais également les relations avec les différents acteurs impliqués au plan national sur les questions de mobilités autonomes (ministères, industriels et collectivités). ENA a aussi un désir fort de se tourner vers la société et les usagers des transports pour partager cette expérience des navettes autonomes.

L’objectif est, à mon avis, que ce type de véhicule apporte un réel bénéfice pour les citoyens en termes de mobilité, pour le plus grand nombre avec une sécurité optimale. Le développement du véhicule autonome ne doit pas être seulement guidé par une logique économique de réduction des coûts d’exploitation, mais doit accroitre les moyens donnés à tous les citoyens pour exercer leur droit à la mobilité. Ce bénéfice doit être évalué en termes d’usage et de service aux personnes, afin de pouvoir aider aux développements de ces solutions sur les territoires où cela apportera une vraie valeur ajoutée. L’usager est essentiel, son appropriation de la technologie est donc fondamentale, c’est ce que veut in fine étudier le projet ENA.

Quelle sera, pour vous, la mobilité de demain ?

La mobilité de demain doit impérativement être moins polluante, plus accessible et plus sûre. Je ne sais pas si la mobilité autonome sera la réponse, mais elle pourra y contribuer sur plusieurs points. La technologie seule ne résoudra pas tout et ne sera utile que par un changement des comportements humains vis-à-vis des déplacements. Mais autonome ou non, la mobilité de demain doit être, responsable et vertueuse. En ce sens, elle sera probablement plus partagée, plus responsable par un choix des déplacements et de leur mode le plus pertinent au regard de critères différents d’aujourd’hui.