Magali PIERRE

Qui êtes-vous ? Quels sont votre parcours et votre métier ?

Je suis sociologue en entreprise, au sein de la Direction de la Recherche et du Développement d’EDF. Formée à la sociologie et à l’anthropologie à l’Université Paris V-René Descartes, je travaille depuis 2001 au GRETS (Groupe de recherche Energie, Technologies et Société), dans un département tourné vers des problématiques commerciales. Après avoir étudié les pratiques de consommation d’énergie et d’attention énergétique au sein de l’univers domestique, je me suis concentrée, depuis une dizaine d’années, sur la mobilité spatiale des individus et sur l’émergence du véhicule électrique, dans les sociétés occidentales. J’ai assuré entre 2010 et 2018, le suivi sociologique d'expérimentations déployant le véhicule électrique et l’infrastructure de recharge en France. Je me suis penchée sur l’appropriation de cette innovation technique dans les situations d’expérimentations de grande ampleur (projets démonstrateurs). À présent, j’anime un projet sur le même thème : le véhicule électrique dans la société.

Quel est votre rôle dans ENA ? Qu’attendez-vous d’ENA ?

Au sein d’ENA, j’ai l’intention de contribuer aux enquêtes d’acceptabilité. En complément des approches d’ergonomie et de socio-économie du projet, qui travailleront sur les utilisateurs des navettes. Mes collègues sociologues et moi-mêmes avons proposé d’évaluer les perceptions et les appréhensions de ce nouveau mode de transport, par les autres usagers du tronçon (site propre et portions partagées) : personnes motorisées travaillant à proximité et riverains, notamment. En effet, la portée des véhicules autonomes dépasse largement ses seuls usagers, non seulement parce que la route est un espace partagé, mais également parce que les véhicules autonomes nécessitent un ensemble de capteurs qui s’insèrent dans un environnement accueillant d’autres fonctionnalités que la circulation. L’adaptation à cet environnement est ainsi sujette à appréciation de la part des personnes fréquentant l’ensemble des milieux impactés. Il s’agit donc, en quelque sorte, de travailler sur l’environnement du véhicule autonome, ce que les autres utilisateurs de la route en perçoivent, et les complémentarités avec les autres modes de transport.

Quelle sera, pour vous, la mobilité de demain ?

Pour le futur, je souhaite une mobilité ajustée. Je pense que mon appartenance à un grand groupe de l’énergie n’y est pas pour rien ! Une mobilité où chacun peut disposer d’un mode de transport complètement approprié à un type de déplacement, et à ses contraintes. Dans cette mobilité, il n’y aurait pas de grosses voitures vides, ni de métro bondés, mais des véhicules autant partagés que possible, de toutes tailles, économes en énergie, bref calés sur les besoins de déplacement de chacun, ni plus ni moins. Les navettes électriques ont toute leur place dans cette vision.

      


Publications auxquelles j'ai participées:

  • Pierre Magali (2015), « Script technique et prescriptions organisationnelles : utiliser un véhicule hybride rechargeable en milieu professionnel », in Cihuelo J., Jobert A et Grandclément C. (coord.)., Energie et transformations sociales. Enquêtes sur les interfaces énergétiques, éditions Lavoisier, Paris, pp. 51-67.

  • Grandclément Catherine, Pierre Magali, Shove Elisabeth, Nadaï Alain, 2018, « Contentious interfaces : exploring the junction between collective provision and individual private consumption”, in Shove E. and Trentmann F. (ed.), Infrastructures in practice: the evolution of demand in networked societies, Routledge : London and New York, p143-154.