Louafi BOUZOUINA

Qui êtes-vous ? Quels sont votre parcours et votre métier ?

Je suis chargé de recherche en économie des transports et en économie urbaine, en poste au LAET1 (Laboratoire Aménagement Économie Transports), depuis 2009. Je suis également enseignant à l’École Nationale des Travaux Publics de l’État, école d’aménagement durable des territoires, membre de l’Université de Lyon. J’ai suivi ma formation d’ingénieur dans le domaine des transports en Algérie, d’où je suis originaire. Mon travail de fin d’études portait sur la ville de Constantine, et plus précisément sur l’analyse et la prévision de la demande de déplacements, dans une perspective de promotion des transports collectifs et de réduction de la congestion. J’ai, à cette occasion, été sensibilisé à l’urbanisme et son rôle dans la rationalisation de la mobilité. Une fois diplômé, j’ai rejoint la France pour poursuivre dans la recherche, secteur vers lequel j’ai toujours souhaité me tourner. J’ai obtenu mon diplôme d‘études approfondies (Master 2 actuel) en économie des transports sur l’impact des formes urbaines sur la mobilité, puis ma thèse en sciences économiques sur l’impact des formes urbaines sur la ségrégation urbaine, à l’Université Lumière Lyon 2. Mes travaux de recherche visent à lier : transports, mobilité et territoire. Ils se focalisent sur les dynamiques métropolitaines, les mobilités quotidiennes et la ségrégation urbaine et traitent des interactions entre localisations des ménages et des entreprises, usage du sol, accessibilités et usages des transports, dans une perspective de modélisation et d’évaluation de politiques urbaines sous les contraintes économiques, sociales et environnementales de la durabilité. J’ai participé à plusieurs projets de recherche sur ses thématiques et les ai élargis, plus récemment, sur l’évaluation des nouveaux services de mobilité, à travers le projet ENA notamment, et l’analyse des comportements de la mobilité via des dispositifs de recueil de traces GPS, en complément des enquêtes par questionnaire.

 

Quel est votre rôle dans ENA ? Qu’attendez-vous d’ENA ?

Je pense que le projet ENA va nous permettre d’engranger de la connaissance. Nous allons pouvoir mieux comprendre les comportements de mobilité des usagers selon les territoires et leurs spécificités. Les différentes modélisations et évaluations, qu’elles soient socio-économiques ou environnementales, vont nous permettre d’établir un cadre méthodologique propre à un nouveau service de mobilité, qu’est la navette autonome.

Cette technologie est innovante et nous devons prendre le recul nécessaire pour construire un cadre d’analyse adapté. Les outils existants et utilisés à l’heure actuelle ne peuvent être transposés pour fournir cette méthodologie. Notre laboratoire a donc tout l’intérêt de s’impliquer dans ENA pour la construire au cours de ces trois prochaines années ! Nous travaillons donc pour faire ressortir les points de blocage, qu’ils soient comportementaux ou environnementaux pour les usagers et les non-usagers des navettes autonomes.

 

Quelle sera, pour vous, la mobilité de demain ?

La mobilité de demain sera avant tout connectée ! Les usagers auront accès à l’information pour mieux connaître l’offre de mobilité à leur disposition et pourront ainsi faire le choix d’une mobilité réfléchie. Un réel enjeu sera donc à prendre en compte, celui de l’inclusion sociale. Nous sommes conscients qu’à l’heure actuelle, subsiste une fracture numérique. Il ne faut pas que la mobilité de demain soit excluante. Elle se voudra également multimodale et partagée, tout en étant respectueuse de l’environnement.

      


1 Laboratoire sous tutelles CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), École Nationale des Travaux Publics de l’État et Université Lumière Lyon 2