Laure FRABOULET

Qui êtes-vous ? Quels sont votre parcours et votre métier ?

J’ai une formation en management et gestion des entreprises. J’ai débuté ma carrière dans une entreprise de transport par autocars, car je souhaitais faire quelque chose d’utile pour mes concitoyens. Dans ce cadre, j’ai participé au déploiement d’un des premiers systèmes billettiques sur un réseau interurbain en France. Ce projet m’a fait entrer dans le domaine des bases de données et des systèmes numériques appliqués au transport de voyageurs, ce qui est devenu le fil conducteur de mon parcours professionnel.

Après la Compagnie Normande d’autobus, j’ai intégré un bureau d’études au sein duquel j’ai mené des études de modélisation de trafic et de prévisions de recettes pour les collectivités locales et les exploitants transport. Puis, en 1998 et 1999, j’ai fait une pause professionnelle pour voyager à vélo sur le pourtour méditerranéen et le continent américain. Cette expérience m’a définitivement convaincue que la bicyclette et la marche sont les meilleurs modes de déplacements qui soient – mais nous y reviendrons plus tard….

Après ce voyage, j’ai rejoint le groupe Veolia Transport pour un poste en direction régionale Centre/Bourgogne/Auvergne/Rhône-Alpes. Mon périmètre réunissait une vingtaine de réseaux de transports urbains et interurbains. Le groupe venait de racheter une start-up digitale, Cityway, avec laquelle nous avons déployé des sites internet sur les réseaux de la région et créé les premiers calculateurs d’itinéraires en transport en commun. En 2008, après 8 ans de projets communs en tant que cliente, j’ai finalement intégré Cityway en tant que chef de projet Systèmes d’information multimodaux. Participer de l’intérieur au développement d’une entreprise qui est devenue en une décennie un acteur majeur des systèmes d’information transport et du MaaS (Mobility as a Service) a été une aventure passionnante à tous points de vue.

En 2018, après 10 ans passés chez Cityway, j’ai souhaité revenir à mon cœur de métier d’origine (le transport de voyageurs) et j’ai rejoint la société familiale Berthelet comme directrice développement et innovation. L’objectif de l’entreprise est d’être capable de répondre à toute problématique de déplacement, en mobilisant à chaque fois que possible des solutions innovantes et à faible impact carbone. C’est la synthèse parfaite de mes savoir-faire et de mes convictions !

Quel est votre rôle dans ENA ? Qu’attendez-vous d’ENA ?

Depuis la création de l’entreprise Berthelet, il y a 75 ans, les dirigeants familiaux successifs ont su détecter et intégrer les innovations émergentes. Nous continuons dans cette même dynamique. En étant attentifs et réactifs aux problématiques sociétales et aux innovations, nous aidons nos clients à expérimenter des solutions innovantes qui deviennent ensuite, pour une partie d’entre elles, des solutions durables. La transition énergétique est aussi une priorité pour Berthelet.

La capacité de l’entreprise à s’engager pour concrétiser des idées sur le terrain nous vaut d’être identifiés comme un partenaire fiable et pragmatique pour mener des projets innovants. C’est pourquoi nous sommes partie prenante du projet ENA.

A titre personnel, j’ai deux missions au sein du consortium ENA. La première mission est de veiller à la finalité sociétale du projet : l’objectif n’est pas uniquement de faire fonctionner cette merveille de technologie que sont les navettes autonomes, même si cet objectif est essentiel et exigeant. L’objectif  est aussi de préparer les conditions pour que ces navettes puissent, demain, s’intégrer dans les réseaux de transport et fonctionner en complémentarité avec les autres solutions de mobilité disponibles. Je suis donc en quelque sorte la porte-parole des voyageurs et des exploitants transport au milieu des ingénieurs et des chercheurs. La seconde mission est de garder la maîtrise du budget et de la viabilité économique du projet. C’est moins vendeur, mais c’est nécessaire si l’on veut construire des innovations durables.

C’est d’ailleurs la première chose que j’attends du projet ENA : construire un écosystème capable de porter durablement l’innovation transport. C’est ce que nous sommes en train de réussir avec l’ensemble des partenaires du projet. Nous apprenons à travailler ensemble et nous créons ensemble de nouvelles solutions.

Quelle sera, pour vous, la mobilité de demain ?

Ma conviction est que notre mobilité devra être à la fois réduite et plus qualitative.

Nous devons redonner la place qu’ils méritent au vélo et aux autres modes actifs. Ce sont les modes les plus efficaces pour les trajets de moins d’une demi-heure. Ils contribuent au mieux-être individuel et au mieux-vivre ensemble, sans aucune nuisance à l’environnement. Difficile de trouver plus vertueux !

En redonnant leur place aux modes actifs, nous pourrons concentrer les moyens financiers sur des services de transport en commun plus performants : tracés plus directs, fréquence renforcée, services à bord plus qualitatifs…. Le véhicule autonome aura toute sa place dans ce futur paysage.

Les grandes métropoles ont commencé à aménager les voiries et les équipements. L’enjeu est maintenant de trouver des solutions pour les périphéries et les zones moins denses.

Berthelet est engagé au côté des collectivités locales pour concrétiser ces solutions.